Femmes dans les métiers de la construction
A l'occasion de la Journée internationale des droits des femmes, nous donnons la parole à des femmes qui exercent un métier du bâtiment
Parcours de femmes
Les femmes représentent en moyenne 17% des participants aux cours fe3 des dernières années. Ce pourcentage est certes loin d’être paritaire, mais il reflète bien la réalité des métiers d’architecte, ingénieur et techique du bâtiment. Il correspond notamment à la proportion de femmes inscrites à la SIA, un chiffre en progression continue depuis quelques années.
Parcours, évolution de carrière, crédibilité au quotidien, intégration dans les équipes : ces thèmes sont pour certaines des défis permanents. Pour d’autres, la question du genre ne se pose pas, et c’est tant mieux !

Eve Blatti
Cheffe de projet Energie
Eve Blatti, Cheffe de projet Energie
Je fais partie des femmes pour qui la question du genre ne se pose jamais.
On me fait parfois remarquer que je suis la seule femme dans une séance de 10 personnes, mais si personne ne le mentionne, je ne m’en aperçois même pas. Déjà pendant mon CFC de peintre en bâtiment, je n’avais pas vraiment remarqué que je faisais « un métier masculin », jusqu’à ce qu’on me le dise.
Le milieu du bâtiment est très vaste et diversifié. Nombre de métiers différents gravitent autour d’un projet immobilier. On collabore et on côtoie des personnes de tous horizons, cultures ou classe sociale, c’est riche en rencontres.
Pour ma part j’ai démarré avec un CFC de peintre en bâtiment, et déjà à 17 ans, le fait d’être une femme dans le bâtiment ne m’a jamais posé de problème. En réalité, je n’y ai simplement jamais prêté attention, et je crois que personne autour de moi ne l’a jamais fait. On m’a quelques fois proposé de l’aide pour porter de lourdes charges, mais j’aime à penser que l’aide aurait été proposée à n’importe quelle personne en difficulté, indépendamment de son genre.
J’ai toujours eu le goût de la pierre, des rénovations et de l’architecture. Cela s’est renforcé durant ma formation, j’ai donc choisi de poursuivre dans cette voie. Soucieuse de notre environnement, l’énergétique du bâtiment était une voie qui combinait bien mes intérêts. On passe beaucoup de temps en intérieur et certaines de nos constructions nous empoisonnent. Mon plus grand défi sera donc d’apporter ma contribution pour changer les habitudes constructives, tant pour notre santé que celle de notre planète.
Aujourd’hui après cinq ans de bureau j’aimerais retourner un peu sur les chantiers. D’une part pour bouger, pour l’ambiance des chantiers et d’autre part pour acquérir les compétences et savoir-faire dans des techniques de construction durables, notamment l’application de matériaux géo et biosourcés. En tant que cheffe de projet, j’aimerai mettre en avant ces solutions dans les projets, il est donc nécessaire d’en connaitre les techniques de mise en œuvre.
Je suis toujours partagée sur la question « d’attirer » des femmes dans nos métiers. En revanche, que ce soit pour les femmes ou pour les hommes, le fait de rendre le travail à temps partiel plus courant, même avec de petits pourcentages, ouvrirait la porte à plus de personnes, leur permettant de s’investir dans leur vie de famille, associative, bénévole ou autre.
Je précise que si j’espère qu’il n’y a pas besoin de démarches particulières pour intégrer et encourager les femmes à travailler dans le bâtiment, il est en revanche nécessaire que nous y travaillions. Pendant des siècles, on a laissé les femmes à la maison, dans des maisons construites par des hommes. Du projet à la réalisation, les femmes doivent mettre leurs « pattes » dans le bâtiment.
Voilà pour mon expérience, totalement positive. J’espère que c’est ainsi pour la plupart des femmes qui travaillent dans le domaine et qu’il n’y aura bientôt plus besoin de témoignages.
Eve Blatti
Cheffe de projet énergie
Energy Management

Noémie Beuret
Dessinatrice projeteuse en chauffage
Noémie Beuret, Dessinatrice projeteuse en chauffage
Au quotidien, le fait d'être une femme ne pose aucun problème dans l'entreprise, ni sur les chantiers avec les architectes ou autres artisans. Il y a toujours, quelques clients (plutôt âgés et étonnamment souvent des femmes) qui demandent à parler au patron plutôt que de me soumettre leurs questions, mais dans l'ensemble les gens ne font aucune remarque. Je pense même que c'est un avantage. Quand il y a des tensions sur un chantier, on ose moins engueuler une femme qu'un homme.
De plus, dans mon entreprise, nous sommes plusieurs femmes dessinatrices. De ce fait, je n'ai pas l'impression de faire un métier atypique pour une femme.
Si j'ai choisi ce métier, c'est par hasard et par entêtement aussi. Alors que j'avais 15 ans et aucune idée de ce que je voulais professionnellement, le chauffage de notre maison tombe en panne. C'est en discutant avec le chauffagiste que je me rends compte que dessinatrice en chauffage est le métier qu'il me fallait. J'aimais les mathématiques, la physique et la géométrie. Trois matières indispensables pour ce métier. J'ai fait un stage d'une semaine qui a confirmé mon choix. Le patron cherchait justement un apprenti ... une apprentie lui convenait aussi. Il était même content d'engager la première apprentie dessinatrice en chauffage du Jura.
Par contre, j'ai vraiment dû lutter contre le corps enseignant et la conseillère d'orientation qui ne voulaient absolument pas que je fasse ce métier. Ils voulaient tous que je continue les études ou que je fasse un métier plus conventionnel pour les filles. Ils m'ont proposé au moins 5 stages dans d'autre branches. J'y suis allée mais ça ne me convenait pas. Heureusement, mes parents m'ont toujours soutenue et trouvaient que mon choix était excellent. Nous n'avons pas lâché. J'ai fait mon apprentissage et plus de 25 ans après, je fais toujours le même métier... dans la même entreprise. Je n'ai jamais regretté mon choix. Pour la petite histoire, j'ai même fait l'étude du remplacement de chaudière de mon ancien directeur d'école, qui n'en revenait pas quand il m'a vue.
A toutes les filles qui se demandent si un métier dans le bâtiment est pour elles, je leur conseille de ne pas hésiter et de faire un stage en entreprise. C'est la seule façon de se faire une idée objective. Elles verront que le travail d'une dessinatrice (maintenant projeteuse) est varié. Il n'y a jamais deux tâches identiques. Les journées sont variées, en plus des plans et des calculs, il y a des visites de chantier, des discussions avec les clients, des offres, etc. C'est un métier qui est dans l'air du temps pour tout ce qui touche aux questions d'énergie renouvelable et isolation des bâtiments. Ce métier est méconnu (même pour les hommes) mais tellement indispensable à toute construction qu'il est recherché par les entreprises. C'est un métier d'avenir.
Noémie Beuret
Dessinatrice en chauffage
Entreprise Thomas Miserez (Les Breuleux)

Pauline Aebischer
Directrice, Architecte d'intérieur VSI.ASAI
Pauline Aebischer, Directrice, Architecte d'intérieur VSI.ASAI
Passionnée par l’architecture d’intérieur, j’ai eu l’occasion de me confronter à de nombreux aspects du métier au cours de mon parcours professionnel. Aujourd’hui, j’ai le privilège de faire partie de la Direction de notre bureau où je continue de développer des compétences riches et variées pour garantir le bon fonctionnement de celui-ci.
Le fait d’être une femme n’a jamais été pour moi un frein dans cet univers majoritairement masculin de prime abord. Toujours très bien accueillie dans la phase projet, il a certainement fallu faire preuve d’une certaine autorité et crédibilité afin de recevoir le même respect et la même écoute sur le terrain. Toutefois, l’humilité et le respect restent toujours la clé.
Lorsque j’ai eu à faire face à des maîtres d’états sur les chantiers, ceux-ci se sont (presque) toujours montrés très respectueux et collaboratifs. Évidemment, il y aura toujours un « macho » qui ne vous donnera pas le respect que vous méritez. Mais quelques fois, le fait d’être une femme permet aussi de solliciter la collaboration plus facilement. Je pense qu’être une femme permet une approche différente sur les chantiers mais tout aussi pragmatique et efficace. Il est clair que je ne cherche jamais à imposer une décision sans accords consensuels. Une relation de confiance et de respect s’instaure ainsi avec les ouvriers et leurs responsables, ce qui m’a toujours permis de mener à bien mes projets.
Né d’un stage dans un bureau d’architectes, ma passion pour l’architecture d’intérieur n’a fait que croître ces dernières années. La polyvalence et la richesse de ce métier, l’aspect créatif, la réalité du terrain et les nombreux échanges humains n’ont cessé de me motiver à me surpasser dans ma carrière et dans mes projets.
Pour conclure sur la position des femmes dans mon métier, je pense qu’elle est en constante évolution. Dans les bureaux ou sur les chantiers, le nombre de femme s’accroit. Il n’y a à ce jour aucune barrière pour une femme pour intégrer les métiers de l’architecture. Au contraire, je suis convaincue que la richesse de notre métier provient de l’échange, et celui-ci n’a pas de sexe. »
Pauline Aebischer
Directrice
Architecte d’intérieur VSI.ASAI
Brönniman et Gottreux Architectes SA

Kirsi Jacot
Ingénieure en physique du bâtiment
Kirsi Jacot, Ingénieure en physique du bâtiment
Je me suis orientée vers la physique du bâtiment petit à petit. A l’école, j’aimais les maths et la physique. A l’adolescence, j’ai commencé à m’intéresser aux bâtiments et je suis devenue sensible à la question du changement climatique. En commençant les études, j’avais déjà une idée assez précise de vouloir me spécialiser dans l’efficacité énergétique des bâtiments. Avec le recul, je n’ai pas du tout souvenir de m’être posée la question si ça pouvait poser problème d’exercer ce métier en tant que femme – et tant mieux !
Aujourd’hui, je suis très contente de mon choix : c’est un métier varié qui permet de combiner différents types de tâches : conception, calculs, rédaction et discussions. J’apprécie la variété entre le terrain, les visites des objets et les journées durant lesquelles je me plonge dans mes calculs au bureau. C’est un métier qui permet d’être impliqué dans l’immense défi de la transition énergétique. Nous ne manquons pas de travail.
Je n’ai jamais eu d’expériences désagréables liées à mon genre. On ne m’a jamais, ni pendant les études, ni au travail, laissée sous-entendre que je serais moins compétente parce que je suis une femme. Certes, je crois parfois sentir un petit moment de surprise, mais au bout de quelques minutes, c’est déjà passé. Très souvent, on m’appelle Monsieur et de temps en temps on me prend pour la secrétaire, mais je ne le prends pas personnellement, car c’est un fait que la grande majorité des ingénieurs sont des hommes.
Kirsi Jacot
Ingénieure en physique du bâtiment
PLANAIR - Ingénieurs conseils en énergies et environnement

Nadia Correa
Spécialiste en économies d'énergie
Nadia Correa Spécialiste en économies d'énergie
Pour ma part, je n’ai jamais eu de mal à m’intégrer dans une équipe majoritairement masculine et rencontrer des clients principalement masculins. J’ai toujours été prise au sérieux et je dirais même que l’effet de surprise permet plutôt un bon premier contact avec les clients. J’ai souvent eu le sentiment qu’au contraire, cela faisait plaisir d’avoir une énergie féminine lors des séances et dans la collaboration avec les entreprises et prescripteurs (installateurs électriciens, architectes, bureaux d’ingénieurs, responsables techniques).
J’ai choisi ce métier car il me procure le sentiment d’être très utile et de répondre à un réel besoin. Le parc immobilier est un important consommateur, cela fait donc sens de travailler en faveur de la réduction de sa consommation énergétique. Les résultats sont tangibles, puisqu’ils se traduisent en kilowattheures économisés, ce qui procure un sentiment de satisfaction.
Je suis convaincue que les stéréotypes de genre prédisposent les enfants pour leurs choix professionnels futurs. Il faut arrêter d’offrir des poupées aux petites filles et des outils aux petits garçons, et organiser des journées portes ouvertes pour les filles dans des domaines où l’on retrouve majoritairement des garçons, et réciproquement.
Nadia Correa
Spécialiste en économies d'énergie
SIL - Service industriels de Lausanne

Marie Pessé
Ingénieure au secteur énergie
Marie Pessé, Ingénieur au secteur énergie
Je suis ingénieure en énergie aux Hôpitaux Universitaires de Genève depuis 3 ans et avant cela ingénieure projet en énergie, facilities et infrastructures pour diverses multinationales pendant 10 ans. J’ai obtenu un diplôme d’ingénieure généraliste de Centrale Lille France avec une spécialisation en systèmes énergétiques de l’Université de Cranfield UK en 2008. J’ai obtenu un CAS en Management de l’énergie en 2019. Je trouve le domaine de l’énergie passionnant. A la base, je l’ai choisi un peu par défaut. J’aimais beaucoup les mathématiques, la physique et l’écologie. Je ne regrette pas ce choix de carrière car l’énergie est au cœur des challenges de demain et je me sens utile à la société. J’espère que ce domaine inspirera les nouvelles générations car nous en aurons besoin.
J’ai toujours fait partie des équipes d’exploitation du bâtiment et il est vrai que les femmes y sont représentées en minorité. Ce n’est pas facile tous les jours de faire partie des minorités car il y aura toujours des attitudes ou propos déplaisants à notre encontre. Je recommande d’ailleurs à toutes les femmes qui veulent choisir une carrière dans la technique et le bâtiment de bien s’assurer que leur employeur a une politique de tolérance zéro contre le harcèlement et les discriminations. Je pense que malheureusement ce problème est toujours prévalant dans la profession. Il ne faut donc pas avoir peur de poser les limites.
De mon côté, pendant les premières années de ma carrière, je pense avoir souffert du syndrome de l’imposteur. On m’a souvent décrédibilisée et il me semble qu’en tant que femme, nous devons beaucoup plus faire nos preuves. Cela peut être fatigant mais c’est également payant car cela oblige au professionnalisme.
Mon plus grand accomplissement professionnel ce jour est d’avoir mené à bien mon CAS en Management de l’énergie de l’UNIGE à Genève, alors que j’étais employée à 100% et toute jeune maman. J’en suis très fière car a priori cela me semblait impossible au niveau organisation. Cet accomplissement m’a apporté beaucoup de confiance en mes capacités et notamment ma capacité à allier vie privée et vie professionnelle. Cela m’a aussi confirmé qu’il n’y a pas de bon ou mauvais moment pour faire une nouvelle formation. En l’occurrence, ce CAS m’a permis d’orienter ma carrière sur un poste exclusivement dans le domaine de l’énergie. Depuis, je suis contente de pouvoir compter sur la formation continue afin de toujours évoluer. fe3 est d’ailleurs une très bonne plateforme de formation continue que je recommande.
Mon plus grand challenge à ce jour est justement de pouvoir allier ma vie privée, et surtout la maternité, et ma vie professionnelle sans problème. Je suis maman de 2 enfants en bas âge et il a été difficile de trouver l’équilibre et de poursuivre ma carrière au rythme désiré. En effet, il a été pesant de ne pas être au travail pendant plusieurs mois lors de mes congés maternité, de mettre entre parenthèses ma vie professionnelle alors que mes collègues hommes dans la même situation ne manquent que quelques jours de travail. Il me semble que si on veut attirer plus de femmes dans des métiers dits « d’hommes », il faudra réfléchir plus largement à étendre le congé paternité, afin d’assurer une égalité de traitement entre les deux sexes. Je pense aussi qu’il faut absolument mettre en lumière les « role models » que sont toutes ces femmes qui travaillent le domaine de la technique, de la construction et du bâtiment, ce qu’encourage d’ailleurs fe3 par cette démarche et je les en félicite. Il y a trop peu de femmes ingénieures. Il faut que l’on puisse s’appuyer sur des femmes inspirantes, qui nous guident et nous montrent le chemin à suivre. Pour ma part, j’apprécie de voir des femmes qui dirigent dans ce domaine. Cela change la donne et apporte une autre dynamique.
Marie Pessé
Ingénieure au secteur énergie
Hôpitaux Universitaires de Genève / Département d’Exploitation (DEX)

Luisa Helms
Spécialiste en management durable
Luisa Helms, Spécialiste en management durable
J’ai eu la chance d’occuper un poste à responsabilités dans le domaine énergétique et il est vrai que j’ai souvent eu affaire majoritairement, voire exclusivement parfois, à des hommes.
J’ai souvent entendu des femmes me dire que la différence pour réussir était d’avoir le même aplomb que les hommes. Par aplomb, j’entends la facilité à exprimer ses idées haut et fort, à faire valoir ses opinions, à imposer des décisions. Mais je n’y crois pas. Pour ma part ce qui prévaut ce sont les compétences et les qualités humaines.
Évidemment il faut savoir s’exprimer, mais si vous connaissez votre sujet, si vous avez la capacité de vous adapter, l’envie et l’humilité d’apprendre, les choses se font naturellement. Si ce n’est pas le cas, c’est peut-être que l’environnement dans lequel vous évoluez n’est pas adapté et pas assez bienveillant.
J’ai rencontré beaucoup d’hommes qui savent reconnaître les qualités féminines, que ce soit à l’interne, au sein de mes équipes, auprès de partenaires ou de clients. Les femmes ont le sens du dévouement, elles sont multi-tâches, elles ont de l’humilité et sont souvent très appliquées dans le sens qu'elles ont besoin de connaître leur sujet à fond pour pouvoir l’exploiter. Ce sont d'excellentes qualités ! Utiles dans tous les métiers, techniques ou non.
Et lorsque certains propos ou attitudes déplacés se font sentir, je crois qu’il ne faut pas trop s’attarder sur ces auteurs (peine perdue), tout en faisant valoir ses droits évidemment. Cela ne doit pas mettre à mal la confiance en soi et la continuité de la poursuite de son parcours.
Le plus gros défaut des femmes, et je l’ai moi-même expérimenté à de nombreuses reprises, c’est le manque de confiance en soi. Il faut avoir confiance en ses capacités, d’autant plus que comme mentionné plus haut, les femmes ont souvent très bien travaillé leur sujet ! Même si cela se construit au fil du temps, plus tôt on l’apprend, mieux c’est.
Mais je ne crois pas à l’idée que les femmes doivent modifier leur comportement et leurs valeurs pour réussir. Au contraire, elles ont des qualités tout à fait exceptionnelles, et c’est un avantage !
J’ai lu une phrase il y a quelques années qui disait que l'important n’est pas de réussir dans la vie mais de réussir sa vie. Je suis totalement en accord avec cela. La notion de réussite est bien relative et propre à chacun.
L’essentiel, femme ou homme c’est de garder ses valeurs et se battre pour celles-ci, que ce soit avec les autres ou soi-même.
Luisa Helms
Spécialiste en management durable